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Élections présidentielles, qu'est-ce que ça change pour vous ?
21 avr. 2017 par Laurine Catillon

Élections présidentielles, qu'est-ce que ça change pour vous ?

 

À 48h du premier tour des présidentielles, les candidats sont sur les starting-blocks mais quelles sont leurs préoccupations en matière de santé ? Pharmaciens, quelles propositions sont susceptibles d'impacter votre profession ?

 

Tous programmes confondus, les débats tournent autour de trois tendances :

  1. la redéfinition des missions du pharmacien

  2. la refonte du système de financement de la sécurité sociale

  3. l’utilisation des nouvelles technologies au profit de la santé   

Nous avons scruté les programmes des différents candidats pour vous permettre d’y voir plus clair !

 

1. De nouvelles missions pour un nouveau mode de rémunération

 

Bonne nouvelle, à l’unanimité, nos candidats à la présidentielle ont la ferme intention de vous donner une place centrale dans le système de soins !

 

  • Votre mission de conseil et d’orientation

François Fillon entend valoriser votre rôle de conseil et d’orientation en mettant en place des formations professionnelles. Il souhaite également renforcer votre mission d’information sur l’antibiothérapie, pour en limiter l’utilisation inappropriée.

 

Benoît Hamon souligne quant à lui la polyvalence de votre rôle et la diversification de vos missions dont il veut valoriser l’impact.

 

  • Votre mission de prévention

Emmanuel MacronLe candidat du parti “En marche !” va plus loin dans cette logique en proposant aux étudiants en études de santé de participer à l’acte de prévention publique. Trois mois seraient consacrés, pour chaque étudiant, à des actions de prévention dans les écoles et les entreprises, soit 40 000 étudiants investis dans cet objectif de santé publique.

 

Pour les professionnels de santé d’ores et déjà en activité, Jean-Luc Mélenchon entend proposer une formation continue sur la qualité des produits de santé afin d’harmoniser les soins dispensés et les conseils associés aux médicaments, de la prescription à l’achat en pharmacie.

 

  • Indexation de votre rémunération

Emmanuel Macron souhaite indexer la rémunération de l’ensemble des professionnels de santé sur l’acte de prévention, en accord avec son projet de service sanitaire (cf supra). 

 

François Fillon souhaite vous assurer une rémunération basée sur un honoraire commun pour la prévention, l’éducation thérapeutique et la vaccination.

 

Quant au député de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, c'est au nombre de lignes de prescription qu'il veut indexer votre rémunération plutôt qu'au prix des médicaments, se rapprochant davantage d'une logique quantitative.

 

  • Monopole sur la vente de médicaments

Marine Le Pen

Marine Le Pen insiste sur la nécessité de préserver votre monopole dans la vente de médicaments soulignant le conseil professionnel qui y est associé. La candidate du Front National évoque un danger public en cas d’ouverture du marché, car cela laisserait place aux moins scrupuleux.

 

 

Toutes ces déclarations invitent à repenser le rôle du pharmacien vers plus de conseils et d’accompagnement et moins de dépendance aux prix des médicaments vendus : le pharmacien post-2017 sera visiblement un pharmacien engagé dans les politiques préventives et un professionnel de santé rémunéré différemment !

 

2. Refonte du système de financement de la sécurité sociale
 

On observe une hausse des dépenses publiques en remboursement de médicament depuis plusieurs années. Face à cela, plusieurs candidats s’accordent sur l’augmentation de la vente de génériques comme solution de réduction des dépenses publiques. Mais d’autres propositions sont également sur la table.

 

  • Dérembourser les médicaments à “petits risques”  

François Fillon côté pharmaciens

Le candidat du parti républicain affiche fermement sa volonté de dérembourser les médicaments liés aux “petits risques”, ceux dont le service médical rendu serait jugé “insuffisant”. Seule une instance publique dédiée pourrait évaluer le “rendement médical” d’un médicament (la Haute Autorité de Santé a notamment été évoquée).

 

D’autres candidats tels qu’Emmanuel Macron ou Benoît Hamon dénoncent l’obscurité du terme “petits soins”. Pour ces derniers, le fait de dérembourser les médicaments qui paraissent “innocents” et de confier cette tâche aux assurances complémentaires privées inciterait les patients à ne plus se soigner en cas de maladies bénignes. Ces patients risqueraient ainsi de voir leur cas s’aggraver.

 

  • La vente à l’unité de médicaments  

Pour Emmanuel Macron, plutôt que de privilégier le déremboursement des médicaments, il convient de repenser le système de dispensation en autorisant la vente à l’unité. Cette réorganisation entraînerait une baisse des prix des médicaments - donc une réduction des coûts pour la sécurité sociale - ainsi qu’une baisse du gaspillage.

 

Le Front National est également partisan de la vente à l’unité des médicaments remboursables pour lutter contre le gaspillage.

 

  • Fixation des prix des médicaments  

Benoît HamonBenoît Hamon évoque un souci de transparence en matière d’évaluation et de fixation des prix. Il souhaite donner plus de pouvoir aux agences de contrôle et moins de liberté aux laboratoires pharmaceutiques, quitte à user des licences d’office pour proposer davantage de génériques.

 

Pour le parti socialiste, il n’est plus question que le prix des médicaments soit indexé sur la propension des gens à payer.

 

Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon quant à lui rappelle que les cinq firmes pharmaceutiques les plus riches ont totalisé 47 milliards de bénéfices en 2015. Face à cela, il met l’accent sur l’importance d’une institution publique indépendante, responsable à la fois de la régulation des prix du médicament, du contrôle et de la protection de la recherche médicale.

 

Nicolas Dupont-Aignan évoque aussi ce manque de transparence et y ajoute la notion de réglementation. Il veut instaurer des critères communs aux différents laboratoires pour la constitution des prix des médicaments.

 

Enfin, Marine Le Pen insiste fermement sur le “bras de fer” à engager avec les laboratoires pharmaceutiques pour encadrer la fixation des prix.

 

  • Le régime social des indépendants

Sur la table depuis plusieurs années, le futur du régime social des indépendants (RSI) ne fait toujours pas l’unanimité en 2017 !

 

Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon proposent la suppression du RSI pour un statut social unique.

 

Pour François Fillon et Marine Le Pen, il s’agit davantage de réformer en profondeur le régime social des indépendants, mais les contours restent flous.

 

3. Quelle place pour l’innovation ?

 

On s’accorde à dire qu’il faut donner un nouvel élan à l’innovation en santé. Le terme “eSanté” est apparu ces dernières années et se définit par la mise à disposition d’outils numériques au service de la santé. À quel degré nos candidats à l’élection présidentielle abordent-ils ce sujet ?

 

  • Remboursement des téléconsultations

Fer de lance contre les déserts médicaux, les nouvelles technologies sont mises à l’honneur ! François Fillon et Emmanuel Macron s’accordent sur le remboursement partiel ou total de ces nouvelles pratiques de conseils médicaux à distance.

 

Marine Le Pen quant à elle rappelle que 2,5 millions de personnes sont touchées par la désertification médicale ; ceci entraînant d’importantes inégalités dans l’accès aux soins des français.

 

  • Prévention grâce aux outils numériques

NicNicolas Dupont-Aignan côté pharmaciensolas Dupont-Aignan souhaite valoriser l’utilisation des outils numériques pour la prévention et le dépistage. D’après lui, les patients doivent être porteurs de leurs données de santé grâce aux objets connectés. Des communautés de patients peuvent également être créées grâce aux réseaux sociaux.

Les professionnels de santé, quant à eux, doivent utiliser les outils technologiques pour créer un collectif de soins et se coordonner autour des informations de santé du patient, même à distance.

 

  • Protection des données de santé

Benoît Hamon rappelle néanmoins la nécessité de créer une commission permanente sur les enjeux éthiques et sociaux liés aux avancées scientifiques et à la révolution numérique pour assurer la protection des données de santé.

 

Jean-Luc Mélenchon abonde dans ce sens et met un point d’honneur à protéger les données de santé des patients contre une quelconque utilisation mercantile.

 

  • Recherche et développement

François Fillon met davantage l’accent sur l'accès aux médicaments innovants et la nécessité pour l’Etat de soutenir la recherche et développement dans ce secteur. Le parti républicain propose notamment d’accroître les autorisations temporaires d’utilisation.

 

Enfin, Emmanuel Macron souhaite consacrer 5 milliards d’euros dans un plan d’investissement santé, en partie pour aider les professionnels de santé à se doter d’équipements numériques.

 

  • La carte vitale biométrique

Pour Marine Le Pen, les nouvelles technologies doivent aussi être utilisées à des fins de lutte contre les fraudes à la sécurité sociale. Pour ce faire, la candidate du Front National propose d’instaurer une carte vitale biométrique qui serait reliée à la carte nationale d’identité.

 


 

Pharmaciens, les prochaines élections présidentielles vont indubitablement provoquer des changements. On peut s’attendre à plus d’outils numériques, même si les politiques publiques en la matière semblent longues à mettre en place.

 

On s’attend également à une redéfinition des prix des médicaments, avec une rémunération liée de plus en en plus à vos missions et de moins en moins au prix des médicaments vendus. Reste à savoir si le nouveau modèle de rémunération sera dans une logique quantitative (au nombre de lignes prescrites et en rapport aux objectifs fixés par l’ONDAM) ou dans une logique qualitative (sur les nouvelles missions de prévention et l’efficacité des médicaments vendus en termes de réduction des affections chroniques par exemple).

 


Pharmaciens, à vos votes !

 

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