Interview exclusive de Luc Priouzeau, pharmacien connecté
1- Qu'aimez-vous le plus dans votre métier de pharmacien ?
Le contact avec le public : cela fait maintenant 30 ans que je suis à Saint-Laurent-des-Autels. Je connais bien ma clientèle et ce contact est très important dans les petits villages comme le mien. J’ai également fait partie des associations de l’école. Je dois dire que c’est très agréable de travailler dans ce cadre ! D’autre part, j’aime la polyvalence des tâches : on travaille sur la prise en charge de maladies aussi bien que sur le confort de vie de nos patients. En tant que chef d’entreprise, j’ai découvert les ressources humaines, la comptabilité, l’aspect prospectif du métier : on ne s’ennuie pas ! Mon métier est donc très diversifié.
2- Comment vivez-vous les évolutions de votre métier ?
Ces évolutions, je les vis de façon très positive. Il y a plein de perspectives à découvrir, c’est une perpétuelle remise en question qui nécessite au pharmacien de se former. J’essaie d’avoir un regard détaché du comptoir, de prendre du recul, et d’avoir un projet d’entreprise. Dans les années à venir, il est nécessaire de retravailler la façon d’aborder la santé : d’une part pour les patients, et d’autre part vers les autres professionnels de santé. De plus, le contexte actuel de désertification médicale requiert de revoir la relation avec le public et entre les professionnels de santé.
3- Dans quels cas utilisez-vous votre site ?
Je le propose en 1er lieu à tous mes clients qui déposent leur ordonnance et à ceux qui téléphonent pour commander des produits. Je les invite alors à commander directement sur notre site. Un des arguments qui reçoit le plus d’intérêt est la messagerie sécurisée. Elle permet de poursuivre le dialogue avec le patient à domicile et de conserver un lien particulier avec eux.
4- Idéalement, qu'attendez-vous de cet outil ?
Je pense que ce doit être une fenêtre assez personnalisée permettant de se différentier, de présenter nos petits plus, nos spécialisations, nos coups de cœurs etc. Ce doit être un lieu de recherche, où les patients puissent se dire « Ah ! je vais y trouver la bonne information ! ». Dans l’idéal , il faudrait que notre site devienne un lieu de référence pour les patients dans leur recherche d’information.
5- Quels sont les autres outils que vous avez adoptés ?
On a déjà une page Facebook depuis plus d’un an. Au niveau de la pharmacie, on utilise des tablettes comme support de vidéos pour montrer comment utiliser certains dispositifs tels que les aérosols. Avec la possibilité de les envoyer par mail, complétant ainsi les conseils au comptoir.
6- Quel est le plus grand bénéfice que vous tirez du site internet ?
Le plus grand bénéfice, ce n’est pas le site lui-même mais de l’animation du site. On en est enfin débarrassé. Elle est nécessaire mais chronophage, et je n’ai plus à m’en occuper. C’est ce qui change avec le site que j’avais avant. On a également la possibilité de se différencier et de mettre en avant nos spécificités.
7- Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous ?
Je suis très gourmand, j’ai 2 coups de baguette !
Dans un premier temps, j’aimerais créer et sécuriser un espace de conseil, voire de prescription entre deux entités : le médecin et le guérisseur. Il y a une place entre les deux, le guérisseur n’a pas les connaissances scientifiques requises et s’appuie sur la crédulité et la vulnérabilité des patients. Le médecin manque parfois de temps et d’empathie pour suivre les patients comme il le faudrait. Mais le cadre légal est à définir.
Mon deuxième coup de baguette: j’aimerais que les pharmaciens puissent faire des mélanges d’extraits de plantes. Aujourd’hui, on ne peut proposer ces extraits que de façon unitaire et non en mélange personnalisé, et je trouve cela bien dommage. Plus sophistiqué que les mélanges de tisanes, les mélanges d’extraits ne sont pas autorisés car les monographies correspondantes ne sont pas déposées. Il y a pourtant un décret en attente depuis 7-8 ans. C’est pour moi une aberration. Pour le pharmacien, il faudra être à la hauteur : prendre du temps, chercher à s’améliorer et ne pas rester dans un esprit strictement commercial. Cette démarche n’est pas reproductible en GMS : on peut se l’approprier, résistant ainsi à la grande distribution. On serait alors plus dans une notion d’artisanat que d’industrialisation, avec ce cadre d’excellence garanti par la certification.
8- Pour clôturer, avez-vous une blague à nous faire ?